Les périmètres irrigués au Niger: Une analyse économique du fonctionnement et de la gouvernance des aménagements hydro-agricoles

Les périmètres irrigués au Niger: Une analyse économique du fonctionnement et de la gouvernance des aménagements hydro-agricoles

L’irrigation est souvent considérée comme un levier important d’accroissement de la productivité
agricole et la lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire au Niger. Par conséquent, la
réalisation et la réhabilitation des Aménagements Hydro-Agricoles (AHA) revêt une importance
capitale pour l’augmentation de la productivité et production agricole nigérienne. À partir de
données provenant d’une enquête auprès 1 829 producteurs exploitant des parcelles au sein des 20
périmètres irrigués répartis dans 6 régions du Niger, cette étude vise à analyser le fonctionnement
et la gouvernance des AHA. En complément des entretiens avec les producteurs, l’enquête a
également recueilli des informations auprès des représentants des organisations chargées de la
gestion de l’eau d’irrigation (des sociétés coopératives et associations des usagers de l’eau
d’irrigation). Les résultats de l’étude montrent clairement l’existence des problèmes d’accès et de
distribution de l’eau. Environ un quart des agriculteurs n’a pas été en mesure d’irriguer au sein du
périmètre irrigué au cours des 12 mois précédant l’étude. Par conséquent, 15% des producteurs
appartenant aux AHA ne pratiquent aucune activité agricole en saison sèche. En outre, à l’exception
de ceux des périmètres de Niamey et de Tillabéri, la plupart des producteurs n’ont pas accès à
l’irrigation au cours de la saison humide, ce qui les rend entière tributaires des pluies, souvent
insuffisantes en fin de cycle et engendre des pertes de récolte. Par ailleurs, dans les cas où l’eau
d’irrigation est disponible, sa distribution semble loin d’être optimale, avec des situations
d’insuffisance ou d’excès. Ces problèmes sont liés à la dégradation et au mauvais fonctionnement
des infrastructures, mais également de gouvernance défaillante. La participation des producteurs à
la prise de décision semble très limitée, ce qui augmente le risque d’une distribution d’eau
inefficace et mal adaptée aux besoins. En outre, les données de l’étude suggèrent que les
exploitants ne sont souvent pas bien informés ou conscients des règles et des systèmes en vigueur.
Un renforcement de la communication et la formation des producteurs semble donc nécessaire pour
réduire les problèmes d’action collective. Enfin, l’étude montre que, notamment dans les périmètres
rizicoles, une agriculture intensive à forte utilisation d’intrants est pratiquée. Bien que la productivité
du riz soit généralement élevée, d’autres cultures donnent également de bons résultats, ce qui pose
la question de l’opportunité de réserver certains périmètres exclusivement à la production de riz.